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Bernard
Délicieux, l'agitateur du Languedoc, l'un des plus acharnés
opposants à l'inquisition
Les cathares ne craignent pas le bûcher et croient en la résurrection
L'esprit créé
par le Dieu du bien, ne meurt pas et se réincarne. Les esprits
vont de tunique en tunique jusqu'à en trouver une. Chaque âme
peut connaître neuf corps. A la dernière incarnation (la
neuvième) ou bien l'issue sera celle d'un bon chrétien avec
passage au paradis ou bien chute en enfer.
On
définit les cathares comme des chrétiens dualistes.
Ils n'avaient pas de lieu de culte, peu de sacrements et niaient l'eucharistie.
On définit cette église hérétique comme un
christianisme médiéval dans lequel, le clergé,
les bons-hommes rejetaient le Pape de Rome, symbole du mal qui
persécute et excommunie.
L'incarnation
du Christ
L'essentiel de la différence avec les catholiques réside
dans le refus de l'incarnation du Christ, de sa réalité
charnelle, de sa passion et de sa résurrection en quelque sorte
"matérielle". En essayant de traduire la relation concrète
de ces événements par le concept de "bonne nouvelle",
les cathares ne font que déplacer le problème sur le plan
"symbolique". Si l'enseignement et les rites de l'église catholique
reposent sur le sacrifice rédempteur de Jésus, les Cathares lisent
autrement les écritures et pour eux le Christ est venu délivrer un
message, offrir aux hommes la clef de leur salut. De nature divine
il ne s'est pas incarné mais n'a pris que l'apparence humaine.
Dieu n'aurait pas permis qu'il subît l'affreux supplice de la croix. Les
tortionnaires du Golgotha n'ont crucifié qu'une ombre. Il n'y a
donc pas eu rédemption mais appel. Jésus est venu tirer les âmes déchues
de leur sommeil et leur proposer un modèle de vie. Il a attisé les
étincelles divines enfouies dans le corps de chacun. La fin du monde
ne sera pas catastrophique mais aura lieu progressivement avec le départ
des âmes sauvées ; Satan restant seul dans son néant.
Une
réponse au problème du mal
Les
bons-hommes cherchent à donner une réponse au problème
majeur de la théologie chrétienne : l'existence du mal.
Impossible pour eux de croire que le Dieu chrétien soit à
l'origine du mal et ils refusent la solution catholique du libre arbitre,
supposant une intention maligne de Dieu qui laisseraient ses créatures
choisir entre le bien et le mal. Puisque Dieu est parfait
et qu'il est le créateur de toute chose, comment a-t-il pu
créer le mal ? Pour certains dualistes dit mitigés,
le Dieu bon est supérieur au Dieu mauvais et le mal n'est que la
création d'un ange rebelle, déchu, tombé du ciel, Lucifer
(voir l'excellent livre de D'Ormesson, l'archange Gabriel). Lucifer
est le seul auteur de la création du mal. Pour d'autres, les dualistes
absolus, le bien et le mal sont sur le même pied d'égalité
et c'est la réalité seulement qui est une création
satanique. Les hommes qui peuplent la terre sont donc des damnés
qui se reproduisent. Cette deuxième conception se retrouve chez les
cathares qui dénonceront la procréation pour obtenir l'extinction
du monde. Les cathares furent considérés comme des manichéens
à cause de leur credo dualiste.
Le
salut
En
persécutant et excommuniant, l'église catholique est complice
et productrice de mal. La doctrine cathare est finalement plus
optimiste que l'église romaine qui juge qu'un enfer éternel
attend les pécheurs. L'église des bons-hommes croit au salut
des âmes, assuré pour chacun, qui se purifie au fil de ses
vies successives.
Dissidents plutôt qu'hérétiques
Les
cathares sont incontestablement des chrétiens mais des chrétiens
dissidents, critiques. S'ils ne vénèrent pas la
croix, s'ils prêchent, par l'exemple, la pratique des préceptes
évangéliques, s'ils refusent des sacrements catholiques, les
cathares reprennent des éléments de la théologie dominante
et font constamment référence à des écritures
reconnues par l'église romaine : les Évangiles. Les causes
de leur persécution sont peut-être à rechercher ailleurs
que dans leur doctrine.
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